Démarche
Le développement de la rationalité fut une étape essentielle dans l’histoire de l’humanité, mais la rationalité seule ne suffit pas à saisir le vivant et la vie intérieure de la nature et des êtres humains. Une nouvelle pensée, plus vivante, veut aujourd’hui se développer pour être à la hauteur des enjeux de notre époque.
Par les Lumières, la liberté est devenue l’essence même de la nature humaine. Cependant, les lois naturelles découvertes par les sciences naturalistes n’intègrent pas la possibilité de cette liberté. Comment comprendre la liberté, qui est le propre de l’esprit humain, au sein d’un monde de lois physiques ? C’est le mystère de l’être humain que l’anthroposophie veut étudier.
En regardant la nature sans la disséquer mais dans son ensemble, elle apparaît comme un cosmos, comme un tout ordonné et harmonieux. L’être humain reflète cette nature dans sa conscience, dans son intelligence et dans toute sa constitution. Il est né de la nature et elle se reflète en lui. C’est pourquoi les anciens parlaient de la correspondance entre le microcosme et le macrocosme.
L’anthroposophie aborde de manière ouverte toute les traditions de pensée et une grande diversité de vocabulaires. L’essentiel est toujours de mettre en mouvement la pensée et de comprendre l’idée derrière le mot, puis l’esprit derrière l’idée. L’anthroposophie s’inscrit dans un courant philosophique ancien, pour lequel les idées sont des réalités au même titre que les objets sensibles.
Sans exercice spirituel, l’anthroposophie ne peut être expérimentée. La méditation peut prendre des formes trés variées. Elle peut se tourner vers l’extérieur, vers la perception sensible, ou vers l’intérieur, vers le vécu et l’idée. Pour l’anthroposophie, la connaissance de soi et la connaissance du monde avancent main dans la main.
L’anthroposophie veut permettre une spiritualité pratique et engagée. Inversement, elle veut trouver du sens et de l’esprit dans la vie concrète et quotidienne. Vie spirituelle et engagement social se stimulent mutuellement, car c’est dans ses idéaux, c’est à dire dans sa spiritualité, que l’être humain puise les forces pour évoluer.
Rudolf Steiner laissa derrière lui un œuvre immense et trés riche. L’étude de cette œuvre peut être stimulante et essentielle pour découvrir l’anthroposophie, mais il est important de ne pas confondre l’œuvre de Steiner et l’anthroposophie, qui, elle, doit toujours prendre une forme libre et individuelle.
L’anthroposophie, qui se présente d’abord comme une démarche philosophique, se définit comme une science de l’esprit, mais elle est parfois aussi qualifiée d’ésotérisme, voire même de religion. Que signifient ces définitions contradictoires et lesquelles correspondent réellement à l’anthroposophie?