Connaissance de soi et méditation

L’aboutissement de la philosophie dans l’anthroposophie n’exige rien de moins qu’un point de vue complètement nouveau, au-delà de toute réflexion ou spéculation, un organe particulier et supérieur de conscience et de connaissance.
— I. P. V. Troxler
Dessin de Robert Fudd, 17e siècle.

Dessin de Robert Fudd, 17e siècle.

Une pensée qui cherche le vivant et l’humain doit elle-même être vivante et humaine. Elle ne peut pas se contenter d’être formelle. Par l’exercice, par la méditation, la pensée se dépasse elle-même et s’élargit pour devenir une expérience spirituelle. Ce dépassement correspond à ce que la philosophie décrit comme une expérience de l’altérité, de l’être du monde. C’est une expérience intérieure qui ne se vérifie que par l’expérience intérieure, mais qui peut être communiquée de manière compréhensible et reproduite intérieurement. S’agissant d’une connaissance intérieure, elle est parfois qualifiée d’« ésotérique » (eso = intérieur par opposition à exo = extérieur). Il est bien connu que les philosophes de l’antiquité transmettaient aussi un enseignement ésotérique, appelé « acroamatique » (destiné à l’oreille), qu’ils transmettaient à leur entourage proche. Ce type d’ enseignement ésotérique garde toujours un caractère vivant, contextuel, et ne peut être rationalisé.

Rejoignant ici la tradition bouddhiste, l’approfondissement de l’anthroposophie mène vers une expérience et une pratique méditative concrètes et variées. Toute la tradition spirituelle et philosophique de l’humanité recèle une foule d’exercices spirituels qui permettent de créer en soi un espace pour l’expérience spirituelle. Rudolf Steiner donna aussi de nombreux exemples d’exercices méditatifs et de nombreuses indications fécondes dont chacun peut faire l’usage pour sa pratique intérieure. Les méthodes de méditation et de concentration, qu’elles soient fondées sur le calme intérieur, sur l’observation de phénomènes naturels, sur des images ou des pensées ou sur une attention à l’autre, visent toutes à un épanouissement intérieur, une meilleure présence d’esprit et une connaissance du monde plus profonde.

Si le scientifique dispose d’un laboratoire physique avec des instruments techniques extérieurs pour mener ses expériences, l’approfondissement d’une connaissance vivante et spirituelle suppose la création progressive d’un laboratoire intérieur, d’un espace ouvert à la recherche spirituelle. La Société anthroposophique offre des contextes et des cadres appropriés pour aider ceux qui le souhaitent – à travers l’échange et la transmission – à cultiver cet espace intérieur. 

Bibliographie

  • Kühlewind G. & Burlotte R., L'Expérience du « je suis », Méditations aux frontières de l'âme, Paris, Triades, 2003.

  • Steiner R. & Ducommun G., L'Initiation ou Comment acquérir des connaissances sur des mondes supérieurs ?, Genève, Éditions anthroposophiques romandes, 1992.

  • Strube J. & Letouzé T., Pensée clairvoyante et Perception du vivant, Laboissière-en-Thelle, Triades, 2012.

  • Zajonc A. & Lenormand P., La Méditation, une Recherche contemplative, Laboissière-en-Thelle, Triades, 2012.

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