Lorsque des journalistes se sont manifestés auprès des représentants de la Société anthroposophique en France, comme au Goetheanum et d’autres institutions, nous avions des bonnes raisons pour montrer une certaine réserve a priori. Par expérience, sous le vêtement de l’information, un journalisme peut se prétendre d’investigation, mais n’a pour objet que d’alimenter les sensations par des clichés, images caricaturales et sarcasmes.

Le plus souvent, de pseudo-enquêteurs trahissent leurs parti-pris en évitant soigneusement de se documenter en allant sur le terrain se référer aux sources. A contrario, annonçant une série sur l’anthroposophie à paraître en juillet, les journalistes du Monde ont su, dès les premiers échanges, éveiller la confiance par des propos qui ne relevaient pas de la séduction mais montraient l’intérêt réel pour leur sujet à traiter.

La série des articles qui en résulte confirme cette volonté d’objectivité. Les aspects sensibles se retrouvent dans les titres qui annoncent parfois les controverses et polémiques. Aux allégations gratuites, les journalistes ont ici opposé des sources officielles et documentées, y compris dans les instances républicaines. On ne relèvera que quelques erreurs ou imprécisions telles que “les écoles financent (la Société anthroposophique) à hauteur de 1 euro par élève”, qui ne concerne que la cotisation en Allemagne à destination de la fédération allemande ; la Communauté des chrétiens, mouvement religieux indépendant, pourtant désignée comme branche spirituelle de l’anthroposophie ; l’ association Terre de liens, citée, pourtant strictement distincte de l’anthroposophie ; ou encore la nature du lien de Steiner avec la théosophie.

Sur un sujet aussi vaste et complexe, l’ensemble des articles démontre incontestablement un souci honnête de comprendre et faire comprendre ce que représente l’anthroposophie en tant que pensée, en tant que phénomène culturel et social.

On peut saluer l’effort de situer l’anthroposophie dans le fil de l’histoire, de ses origines jusqu’à nos jours, et là où elle pose des questions pertinentes face aux défis du monde contemporain.

L’ensemble des articles de la série, accessibles dans leur intégralité que pour les abonnés du journal, peut être lu ici.

L’article de 12 juillet par Aureliano Tonet, « Le monde occulte de Rudolf Steiner, théoricien aux préceptes naturalistes controversés »

L’article de 13 juillet par Ophélie Neiman, « Rudolf Steiner, le philosophe qui a fait germer la biodynamie »

L’article de 14 juillet par Violaine Morin, « La pédagogie Steiner, un cas d’école pour ses partisans comme pour ses détracteurs »