L‘anthroposophie dans la sphère publique
L’anthroposophie et la personne de Rudolf Steiner sont en permanence associées au racisme, à l’antisémitisme et, plus récemment, à la haine de l’État - malgré de nombreuses déclarations fondées du côté des responsables anthroposophes. Ces accusations ont atteint un nouveau sommet durant la crise sanitaire, avec une série d’articles extrêmement critiques dans certains grands médias allemands. Que se passe-t-il ? Comment peut-on lutter plus efficacement contre cet état de fait?
Ces questions ont été l’objet d’une discussion le 7 octobre 2020 à la Rudolf Steiner Haus de Stuttgart. Les invités étaient Michael Blume, commissaire à la lutte contre l’antisémitisme du gouvernement du Land de Bade-Wurtemberg, et Lisa Stengel, cheffe du département de lutte contre l’antisémitisme, en charge des projets dans le Nord-Iraq, des questions de valeurs, des minorités.
Avec des représentants du mouvement anthroposophique et le conseil d’administration de la Société anthroposophique en Allemagne (AGiD), ils ont fait le point sur la situation. Selon Blume, dans le passé, on cherchait toujours les coupables des pandémies. Dans le contexte de la pandémie actuelle, selon son impression, les anthroposophes en Allemagne sont particulièrement sous les feux de la rampe. Il reçoit « de plus en plus de demandes de renseignements sur le sujet de l’anthroposophie et du racisme - non seulement de la part des médias, mais aussi des politiciens ».
L’un de nos sujets de discussion était le décalage entre l’image de soi et l’image des autres. Ainsi, selon monsieur Blume, la perception extérieure de l’anthroposophie tend à être imprégnée de clichés et la perception de soi marquée par une méconnaissance de son image auprès du public. De l’avis de tous, aujourd’hui, la publication de textes dans la presse écrite ne suffit plus à elle seule à éclairer les esprits. Blume suggère qu’un « podcast pourrait être utile pour apporter un discours critique et respectueux sur des questions litigieuses » avant de nous partager son expérience avec ce média. Une autre possibilité serait de participer aux célébrations des 1700 ans de vie juive avec des tables rondes qui pourraient, par exemple, examiner la relation entre l’anthroposophie et le mysticisme juif ou aborder les accusations de racisme et d’antisémitisme. Blume rappelle que Rudolf Steiner était proche du Verein zur Abwehr des Antisemitismus (Association de lutte contre l’antisémitisme). Ce serait un bon point de départ. Il insiste sur l’importance de recueillir ce genre de contributions orales sur un site web, car aujourd’hui, une approche transversale est nécessaire pour documenter le débat.
La division de la société, qui semble être exacerbée par la situation actuelle, est une source de préoccupation majeure pour toutes les personnes présentes. La radicalisation des opinions allant de pair avec une dynamique d’escalade verbale a conduit, dans le passé, à des actions violentes - par exemple lors de la crise migratoire. Pour Angelika Sandtmann du conseil d’administration de l’AGiD, « il est urgent de contrer cette dynamique désordonnée qui part en roue libre par un travail d’éducation ».
L’anthroposophie est une spiritualité humaniste et ouverte sur le monde qui prend en compte les résultats de la recherche scientifique sur la base d’une pensée critique et les élargit en incluant des perspectives holistiques.
Déclaration de Michael Schmock, secrétaire général de l’AGiD:
« La Société anthroposophique en Allemagne s’engage également en faveur d’une société juste, discursive et solidaire. Nous nous distançons de toute forme de racisme, d’antisémitisme et de haine de l’État. »
Le conseil d’administration de l’AGiD a décidé d’aborder ce thème en profondeur. Comme le dit M. Schmock : « Nous voulons traiter les critiques de manière constructive. » En perspective, il s’agit de retrouver l’espace de la parole, de rechercher un débat critique et constructif et de s’impliquer dans le discours sociétal, par exemple à travers des événements.
De vifs remerciements à Lisa Stengel et Michaël Blume pour leur coopération ouverte et respectueuse sur ces questions sensibles.
Matthias Niedermann,
Assistant du conseil d’administration de l’AGiD
Article publié le 21 octobre 2020 sur le site de la Société anthroposophique en Allemagne,
https://www.anthroposophische-gesellschaft.org/agid-aktuell?tx_ttnews%5Btt_news%5D=492&cHash=85f9307d60c752753bee667cfc063737
traduction en français: Anselm Killian.