Société anthroposophique en France

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Ce toucher immédiat de l’esprit

Il écrivait que sa lecture était « la lumière du ciel », « le livre le plus profond qui soit. » Christian Bobin n'est pas mort, il a seulement rejoint son grand livre, à l'âge de 71 ans, le 23 novembre 2022.

« Il était cet être discret que l’on croise et que l’on oublie jamais. Cet homme bienveillant et profondément humain dont la plume savait sublimer chaque mot, chaque émotion » confie le maire du Creusot, cette ville à laquelle il était comme « attaché ».

Christian Bobin par Vermeer&Velazquez - Licence Creative Commons

Bobin était écrivain, ses mots jaillissaient de l'expérience directe : « C’est à une fête infinie que nous invitent les plus humbles choses - les fruits comme les pierres, les herbes comme les astres - et il nous faut, pour en jouir, apprendre ce toucher immédiat de l’esprit dont les peintres ont le privilège.» (Le Huitième Jour de la semaine) Dans les quelques interviews qu'il a accordées, il apparaît clairement que même ses mots spontanés devenaient de la poésie, issue de ce « toucher immédiat de l'esprit. »

Bobin était sans aucun doute un pèlerin céleste, il marchait dans le ciel en marchant sur la terre. L'un de ses premiers livres, « Le très bas », fut consacré à Saint François. Dans « La plus que vive », il raconte son dialogue spirituel avec une amie décédée. Il a consacré un petit texte à la vie terrestre du Christ, « L'homme qui marche », puis c'est la présence du Christ qu'il décrit à travers un recueil d'aphorismes : « Le Christ aux coquelicots. »

Bobin savait que le chemin vers l'esprit est un chemin de connaissance de soi, que « plus on s'approche de la lumière, plus on se connaît plein d'ombres. » (La plus que vive). Il savait aussi que l'esprit et la matière ne sont pas séparés, mais que « le monde de l'esprit n'est que le monde matériel enfin remis d'aplomb. » (Le très bas)

Louis Defèche


Image: Christian Bobin lors d’un entretien à la Librairie Mollat (Capture d’écran).